Les lésions – qui pourraient provenir de facteurs comme l'obésité, le stress voire l'utilisation du GSM – seraient telles qu'elles pourraient affecter la fertilité de l'homme ainsi que les gènes qu'ils transmettent à leur descendance, estiment les auteurs.
Habituellement, les analyses du sperme s'intéressent au nombre et à l'état des spermatozoïdes. Mais pour les auteurs de cette étude à petite échelle réalisée en Pologne, le degré de fragmentation de leur ADN constituerait un meilleur indicateur de leur fertilité.
Les hommes dont l'ADN des spermatozoïdes présente plus de fragmentations ont moins de probabilité de pouvoir concevoir un enfant, que ce soit de manière naturelle ou par une fécondation in vitro, peut-on lire dans l'article publié en ligne le 14 avril dernier par l'International Journal of Impotence Research.
"La recherche avait déjà montré que le mode de vie pouvait influencer le taux de fragmentation de l'ADN spermatique", commente Ricardo P. Bertolla, de l'Université fédérale de Sao Paulo, au Brésil. "Plus important encore: nous imaginons bien que les facteurs environnementaux et du mode de vie influencent la fertilité masculine, mais le degré de réponse à ces facteurs varie très fort entre les individus."
Le docteur Marian Radwan, de l'hôpital Gameta à Rzgow, en Pologne, a centré cette étude sur 286 hommes âgés de moins de 45 ans et qui consultaient une clinique de l'infertilité. La majorité d'entre eux étaient en surpoids, non-fumeurs, avec une vie professionnelle et privée modérément stressante. La moitié d'entre eux utilisaient un téléphone cellulaire depuis 6 à 10 ans.
Tous ces hommes avaient un taux normal de spermatozoïdes dans le sperme, mais les plus âgés ainsi que ceux qui avaient un travail plus stressant présentaient plus de fragmentation de l'ADN spermatique. Les obèses ou ceux qui utilisaient un GSM depuis plus de 10 ans avaient également tendance à présenter un sperme contenant plus de spermatozoïdes immatures. Par contre, la consommation de café ou d'alcool, le tabagisme et le niveau d'activité physique n'étaient pas liés à la fragmentation de l'ADN spermatique.
Pour l'équipe de chercheurs, il existe des éléments tendant à prouver que les lésions de l'ADN, outre leur impact sur la fertilité masculine, peuvent se transmettre à leurs enfants, augmentant ainsi leur risque d'être touchés par des mutations géniques associées à diverses maladies.
"Même les hommes présentant un sperme par ailleurs normal - par exemple en termes de volume de l'éjaculat et de concentration spermatique - peuvent avoir des taux accrus de radicaux libres et de lésions de l'ADN dans leur sperme", explique Rima Dada, de l'Institut All India de sciences médicales à New Delhi. "Jusqu'à 40 pourcents des hommes en âge de procréer ont quelques problèmes de production de sperme. Mais ils l'ignorent, car les analyses standard du sperme ne s'intéressent pas aux lésions de l'ADN qu'on peut y trouver. Ce qu'il est important de savoir est que la majorité des facteurs à l'origine d'un stress oxydatif entrainant des lésions de l'ADN sont liés à nos mauvaises habitudes sociétales et à un mode vie peu sain. Des interventions simples sur le mode de vie, la cessation tabagique et la pratique du yoga et de la méditation peuvent réduire tant le stress psychologique que le stress oxydatif et les lésions oxydatives de l'ADN. Cependant, je ne suis actuellement pas convaincu par l'idée que l'utilisation du GSM endommagerait le sperme. Je ne vois rien qui le prouverait de manière indubitable. Cette nouvelle étude ne démontre d'ailleurs pas que l'un ou l'autre facteur de vie défavorable pourrait altérer l'ADN spermatique, mais seulement l'association entre les deux. Certaines sociétés commercialisent des antioxydants spécifiquement conçus pour améliorer la fertilité masculine, mais je pense que les antioxydants ne sont utiles qu'aux hommes qui en ont besoin. Je sais que c'est une lapalissade, mais trop d'hommes consomment des antioxydants alors qu'ils n'en ont pas réellement besoin (ou qu'ils n'en tireront aucun bénéfice), et cela peut finir par donner l'impression générale qu'une supplémentation en antioxydants ne sert jamais à rien."
Lire l'étude en anglais : http://www.nature.com/ijir/journal/vaop/ncurrent/abs/ijir201615a.html