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La peur

"Sur la peur"
Par S. Dumonceau

Un certain degré d'anxiété, de l'appréhension, un malaise ou carrément une phobie sont différents degrés d'expression de la peur du futur, peur de ce qui pourrait survenir et non de ce qui est en train d'arriver...

Derrière la peur, le sommet de la hiérarchie des émotions il y a bien entendu la peur de la mort. Or l'esprit ne fait pas aisément la différence entre la peur de mourir et la peur en général. En réalité, les émotions se calibrent assez grossièrement.

Ainsi lorsqu'un automobiliste nous agresse au travers de la vitre de son véhicule il se pourrait bien que le cœur s'emballe aussi vite que si le protagoniste avait...un revolver en main. Se désidentifier du mental et de ses pensées, se désolidariser de l'Ego et de son histoire est donc un précieux exercice qui permet de retrouver le calme intérieur au moment opportun.

Mais la peur est aussi un sentiment précieux qui a permis sans doute à l'espèce humaine de survivre et qui l'a protégée d'une disparition précoce. Grâce à l'anticipation et à la mémoire, ses alliées, elle a pu se protéger des différents prédateurs et dangers qui ont jalonné son histoire. Si la peur est un sentiment positif pour la survie de l'espèce, elle joue néanmoins un rôle fort ambigu, si pas néfaste, en développement personnel.

La peur a des caractéristiques bien reconnaissables, son objet n'existe pas dans le présent, il existe dans le temps uniquement, soit dans l'espace virtuel de l'anticipation. Il évacue par essence le sentiment d'amour et de paix qui ne peuvent intrinsèquement coexister avec la peur. La peur paralyse plutôt que de stimuler l'action constructive.

Mais, assez paradoxalement la peur nous dicte des comportements qui nous font converger vers la réalisation de nos peurs... ! Comment expliquer pareille étrangeté ?

C'est d'une logique implacable : la peur est un sentiment insoutenable. Il faut à tout prix s'en débarrasser au plus vite.

Comment éliminer la peur rapidement ?

Deux techniques :

1. Quand l'objet de la peur se réalise, on n'a plus peur... ! J'ai peur d'avoir un accident, je provoque inconsciemment l'accident comme ça, je n'ai plus peur. On adopte ainsi des comportements parfois sophistiqués, des positions par rapport à cette peur (comme si elle existait déjà et était déjà réelle) qui induisent implacablement ce dont on a peur. C'est ainsi que l'on finit par créer exactement ce dont on a peur.

Ce qui justifie bien sûr le sentiment de peur au départ parfois inexplicable. Montrant ainsi que l'on avait bien raison d'avoir peur !!! C'est ainsi que l'on arrive à obtenir régulièrement ce que l'on ne désire pas ! En générant l'objet de sa propre peur soi même...

2. Autre solution, éliminer l'objet de la peur. J'ai peur de rater cet examen. Je ne passe pas cet examen qui, au fait, ne m'intéresse plus. Plus de peur non plus !

C'est ainsi que certaines personnes exécutent un réel sabotage d'une situation qui aurait pu être réellement constructive et positive pour leur évolution...simplement parce que la peur de mille choses qui pourraient arriver est omniprésente dans leur esprit...

L'inhibition de l'action est la technique la plus utilisée pour évacuer la peur. Comme cela pas de risque. Car, ce qu'il faut à tout prix, c'est évacuer la peur.

L'éducation en Occident repose principalement sur le développement de ce sentiment. Et sur la culpabilité. (voir : le père fouettard, le chaperon rouge, le loup et l'agneau, les trois petits cochons, et bien d'autres contes pour enfants qui vont au fil de ces années si cruciales pour l'édification de la personnalité dans l'enfance forger la relation avec la peur...) La culture américaine qui envahit la planète, la culture de la peur, grâce aux films mais aussi via la stratégie de conquête du gouvernement américains n'améliore pas les choses... Nous sommes baignés via les médias en permanence par la peur.

La peur est le pire des sentiments. Il tue l'Amour. Il est probablement aussi le sentiment qui empêche le monde d'évoluer rapidement vers ...un paradis sur Terre...

L'idéal serait d'arriver à remplacer nos peurs par nos désirs. Et de les vivre comme un moyen, non comme une fin. A trop se concentrer sur la fin, on n'est plus dans la présence et on rate effectivement le meilleur...

Séminaire "Attitude zen"