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Douleur & Psychologie

Dr Van Alphen

D'après l'Association Internationale pour l'Étude de la Douleur, la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en termes d'une telle lésion.

Cette définition est assez complexe et fait intervenir la notion d'émotion car la douleur est un phénomène très complexe qui peut être augmenté, diminué et même supprimé ou encore déclenché par certaines émotions !

Dans la douleur, la psychologie est partout :
avant, pendant et après l'événement douloureux.

La psychologie qui influence un moment de douleur peut venir de loin... comme l'adulte aura besoin de davantage de produit antalgique lors ou après une intervention chirurgicale s'il a souffert lors d'une hospitalisation douloureuse durant son enfance !

La psychologie de la douleur peut aussi être l'appréciation de sa cause : le sauveteur peut moins souffrir d'une brûlure que la personne qu'il a sauvée... le soldat blessé qui va pouvoir retourner dans sa famille a besoin de moins de morphine que la victime du conflit qui a tout perdu...

La perception d'une douleur est aussi dépendante de «comment» les autres reconnaissent l'importance de cette douleur : le déni de la douleur d'une personne par son entourage ou les professionnels de la santé fait souffrir davantage...

Il y a deux grands types de douleur

  1. La douleur aiguë comme celle provoquée par une punaise qui s'enfonce dans le pied... ou par le contact du bras avec un fer à repasser bien chauffé... ou par une colique intestinale subite et passagère...

  2. La douleur chronique comme celle du mal au dos qui dure de quelques jours à plusieurs semaines, voire des mois, celle des céphalées de tension, de la tumeur osseuse, de l'inflammation d'une articulation, etc.

Plus une douleur s'éternise et plus elle prend une place dans le puzzle de notre vie, elle prend un peu ou beaucoup la place de la pièce appétit, de la pièce relation sentimentale, etc.

Elle peut même, comme le fait douleur aiguë intense, chasser tout ce qui n'est pas douleur et conduire à un état dépressif, à un manque d'appétit pour toutes les choses de la vie normale...

Les différences entre la douleur aiguë et la douleur chronique impliquent des différences dans les approches thérapeutiques : la manière de les approcher, de les apprivoiser pour les changer, etc.

Comment une relation psychologique peut-elle diminuer une douleur ?

Les voies neurologiques de la douleur sont de mieux en mieux étudiées avec l'évolution des technologies médicales et de la biochimie.

Une stimulation qui va déclencher une sensation de douleur, comme enfoncer une aiguille dans la fesse, envoie un message au cerveau par les nerfs qui partent de la périphérie du corps et remontent par la moelle épinière et par des zones de contrôle de la sensation douloureuse qui dépendent du cortex cérébral.

Ce contrôle par le cerveau de la sensation douloureuse permet donc, tout naturellement et continuellement, de moduler la perception de la douleur : nous rendre plus sensibles ou moins sensibles selon la situation comme, par exemple, grimper à un arbre pour échapper à un chien féroce fait diminuer la douleur occasionnée par l'écorce rugueuse car le cerveau donne la priorité à la survie...

La psychologie peut donc intervenir directement dans la modulation neurologique de la progression du signal vers le cerveau

Elle peut aussi distraire l'attention à un point tel que le cerveau s'intéresse bien plus à ce qui le distrait qu'à une douleur... Ce phénomène est observé dans les chirurgies sous hypnose (relaxation profonde avec suggestions) : le patient retrouve un moment de vacances avec tous les détails passionnants de cette descente en ski ou jeux dans l'eau... et il ne ressent pas le scalpel et les pinces du chirurgien qui lui enlève la thyroïde...

Une cause de douleur peut aussi être traitée par un moyen psychologique

Les techniques de grande relaxation avec suggestions appropriées peuvent réduire une réaction inflammatoire, réduire le gonflement d'un tissu et donc la douleur qui en résulte.

Autre aspect et autre niveau d'intervention sur le phénomène douloureux

On peut diminuer la souffrance sans diminuer la sensation ! Cela est très souvent exploité lorsqu'une personne experte dans les douleurs obstétricales intervient en urgence auprès d'une femme qui «perd les pédales» durant le travail d'accouchement.
Lorsqu'une femme retrouve le sentiment de pouvoir participer et de ne plus subir le travail d'accouchement, elle ressent la douleur mais souffre moins et garde un meilleur souvenir, voire un très bon souvenir de son accouchement !
On peut donc intervenir uniquement sur l'émotion lors d'une expérience douloureuse.

La revue de la littérature scientifique donne une idée du champ d'intervention des techniques psychologiques pour réduire ou supprimer une douleur

Tous les domaines douloureux donnent lieu à des études plus ou moins nombreuses selon l'importance de cette douleur en clinique. Toutes les études cliniques confirment l'importance de l'information du patient, de sa collaboration et des messages qui lui sont proposés en augmentant sa capacité d'imagination. La conception des séances de Méta-relaxation répond à toutes ces exigences d'efficacité thérapeutique.

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Dr Patrick Van Alphen

Dr Patrick Van Alphen

 

Médecin psychosomaticien bruxellois, formé à la suggestion éricksonienne dans le département d'anesthésie-réanimation du centre hospitalier du Sart Tilman de Liège (Dr M.E. Faimonville).

  • Il a initié, dans plusieurs départements hospitaliers, la prise en charge psychosomatique de problèmes douloureux, de l'accompagnement à la chimiothérapie, de la menace d'accouchement prématuré, de troubles du comportement alimentaire, etc.
  • Il a collaboré à la rédaction de textes de séances de Méta-Relaxation.
  • Il anime des consultations de médecine et psychologie des troubles du poids et l'Unité Métabolique des Troubles du Poids au sein de la Clinique de l'Obésité du Centre Hospitalier Interrégional Edith Cavell à Bruxelles.