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La mise au point par IBM de deux prototypes de circuits intégrés qui essaient d'imiter certains fonctionnements du cerveau humain a été accueillie sans pleurnicheries humanistes. C'est nouveau, Les ruptures technologiques sont presque devenues normales.
La rupture remet en cause toute l'architecture de l'informatique, c'est à dire les principes qui relient les composants vitaux de l'ordinateur : processeur, contrôle, mémoire, stockage. Dans l'architecture informatique à la base le processeur exécute les instructions qu'un cerveau humain a compilé dans un logiciel sous la forme d'algorithmes. La mutation technologique réalisée par les chercheurs d'IBM est que ces circuits ne se contentent pas d'exécuter des instructions, mais captent des données, les analysent, les transforment en décisions et les mémorisent. C'est ce qu'on peut appeller une forme d'apprentissage.
Ces circuits intégrés en silicium, gravés à l'échelle nanométrique, présentent en leur sein des traits mesurant 45 millionièmes de millimètre. Chaque puce contient deux noyaux. L'un avec 262 144 circuits programmables, l'autre avec 65 536 circuits d'apprentissage. Dans les deux cas, ces circuits sont appelés synapses par analogie avec les zones de contact entre les neurones du cerveau. Outre leur capacité à effectuer des tâches binaires massivement parallèles, ces circuits intégrés ont vocation à "apprendre". Leurs copies de neurones peuvent, comme nos cellules cérébrales, se connecter et se déconnecter de manière dynamique en fonction des données qu'elles reçoivent. |
Elles sont aptes à capter, c'est à dire à percevoir, après analyse, ce qu'elles ont capté, à mémoriser ce qu'elles ont perçu, à transformer cette mémoire en expérience afin de réagir à des changements dans leur environnement en modifiant l'intensité de leurs connexions avec les autres copies de synapses.
Il y aura toujours, dans le comportement de ces puces, une part de programmation d'origine humaine mais il faut désormais intégrer les notions d'informatique cognitive dans notre vocabulaire. Car ce que vient de réaliser IBM, c'est une convergence concrète entre les neurosciences (étude biologique du cerveau), les sciences cognitives (modélisation théorique des modes de fonctionnement de l'esprit) et l'informatique avancée.
Mais que les choses soient claires: les puces cognitives d'IBM n'ont aujourd'hui que 256 "neurones"; la plupart d'entre nous en ont 100 milliards. IBM aimerait bien arriver un jour à leur faire produire cent milliards de "synapses" au lieu des 300 000 actuelles mais ses chercheurs savent bien qu'ils n'arriveront jamais à reproduire la singularité du cerveau: taille compacte et consommation électrique inférieure à celle d'une ampoule de réfrigérateur. Inutile donc de panqiuer pour l'instant et de faire des plans sur la comète, nous sommes loins des androides du scenario de Stanley Kubrick repris par Steven Spielberg. |